Pourquoi et comment pratiquer en classe ?

L’analyse filmique en classe se heurte la plupart du temps à deux difficultés majeures :

  • Des obstacles liés à la production écrite : quand l’analyse littéraire rend compte de l’écrit par l’écrit (en permettant par exemple la citation), l’analyse filmique, si elle passe par de l’écrit (souvent le cas en milieu scolaire), nécessite un transcodage de ce que qui révèle du visuel et du sonore. Un obstacle pour celui qui est déjà en difficulté au niveau du français.

  • Des obstacles matériels : analyser un film implique qu’on le voit et qu’on le revoie, et qu’on puise en faire de même avec les élèves.

Il n’est pas question ici de remettre en cause cette forme d’analyse ayant pour finalité une restitution écrite mais de proposer une approche complémentaire visant à utiliser la grammaire cinématographique sous forme d’exercice pratique en configuration classe.

Avant tout exercice d’analyse pratique, il faudra toujours se poser les 3 questions suivantes : qui la conduit ? dans quel contexte ? dans quel but ?

L’exercice se doit d’être simple et ciblé. On ne parle pas ici de « projets lourds » s’inscrivant sur plusieurs séances avec la participation d’intervenants professionnels (réalisation d’un court métrage par exemple). Au contraire, l’objectif est de pointer une notion précise et de l’appréhender avec des outils audiovisuels accessibles pour tous (les élèves et l’enseignant) : le champ/contrechamp, le plan séquence, le hors champ, le plan « Lumière », le mouvement, l’ellipse, etc…

Concernant les outils audiovisuels, il conviendra de proscrire le matériel souvent « anxiogène » pour l’enseignant (caméra, trépied, perche son, station de montage virtuelle, sont à proscrire) et de le remplacer par un outil « tout en un » plutôt familier permettant de filmer et de monter des formes courtes : le smartphone ou la tablette.

Une « classe tablette » ne constitue absolument pas la norme dans les exemples qui vont suivre.

  • Une seule tablette permet déjà d’aborder plusieurs notions simples liées à la composition d’un plan par exemple.
  • L’achat de 5/6 tablettes sur les fonds propres de l’établissement constitue une autre option particulièrement intéressante et moyennement onéreuse : travail en petit groupe (5/6 élèves par tablette), développement de projets pluridisciplinaires, …

L’intérêt principal de la tablette réside dans le fait de pouvoir capter très rapidement des images (fixes ou mobiles) et de les monter sans passer par l’étape souvent longue et complexe de l’acquisition sur un PC.

Exemple d’exercice pratique mené avec une classe :
  • Durée : 2 heures
  • Public : 1 classe de quatrième
  • Matériel : 4 iPads avec le logiciel gratuit iMovie

Séance 1 : analyse de la scène des escaliers d’Odessa du Cuirassé Potemkine d’Eisenstein

Objectifs de séance : appréhender le cinéma russe des années 20 en termes de découpage (de très nombreux plans très courts avec différentes valeurs de cadre : du plan d’ensemble au gros plan) et de dilatation du temps par le montage (l’assassinat de la mère filmé avec des plans répétitifs qui dilatent le temps).

Séance 2 : pratique audiovisuelle – tournage et montage

Les élèves sont répartis en 4 petits groupes encadrés par l’enseignant et le professeur documentaliste. Les contraintes de la forme courte filmée sur iPad sont les suivantes :

  • Proposer un récit différent de l’œuvre étudiée
  • Réfléchir à un découpage du récit avec plusieurs plans
  • Réaliser le montage en intégrant une dilatation du temps (effet de répétition)

Ressources pratiques :
  • Tutoriel sur iMovie :

 

  • Equivalent d’iMovie sur Androide :

https://beecut.com/fr/