Programmation 2018 – 2019

Les comités de pilotage approchant, voici la liste nationale 2018-2019 pour Collège au cinéma : Liste films CAC 2018-2019

 

Les nouveaux titres entrant dans la liste sont :

Films français

–       Quai des Orfèvres de Henri-Georges Clouzot (4/3ème) – 1947 – 1h45 – France – avec Louis Jouvet, Suzy Delair, Bernard Blier.

Dans le Paris populaire de l’après-guerre. Jenny chante dans les cabarets, Maurice l’accompagne au piano. Ils vivent en couple. Jenny voudrait réussir dans le music-hall, quitte à entretenir des relations douteuses avec Brignon, un producteur libidineux. Maurice, fou de jalousie, n’hésite pas à proférer des menaces de mort à l’endroit du manager qui convoite sa femme. Or Brignon est assassiné peu de temps après, dans le manoir qu’il habite. Jenny est persuadée avoir commis le meurtre en l’ayant assommé avec une bouteille de champagne alors qu’il lui faisait des avances. Elle va trouver Dora, sa meilleure amie, pour le lui dire. Dora est amoureuse de Jenny : elle n’hésite pas à aller au manoir pour effacer les traces qu’elle y a laissées. C’est l’inspecteur Antoine, de la Brigade criminelle, qui est chargé de l’enquête. L’homme parait désabusé sur le genre humain par son expérience dans le monde de la criminalité. Il voue cependant une affection profonde pour son petit garçon métis qu’il élève seul.

L’intrigue, adaptée d’un roman de S.A. Steeman, qui a aussi écrit L’assassin habite au 21, est suffisamment complexe pour mettre en place un chassé-croisé des personnages dans différents mondes parisiens : les scènes du music-hall, les logements des parvenus et des modestes, les bureaux de la Brigade criminelle. Grâce à la profondeur de champ et l’articulation spatiale des plans qui caractérisent la réalisation, le spectateur a l’impression d’habiter chacun de ces théâtres, d’y côtoyer les différents personnages qui s’y débattent. Adossé à une réalité documentaire, Quai des orfèvres ouvre une fenêtre sur le quotidien des français à la fin des années quarante, le restituant dans son jus. Sur ce fond réaliste se détachent des types humains attachants : Jenny et Maurice qui éprouvent l’amour qui les unit par leurs disputes répétées, Dora qui vit le sien dans le secret et la solitude, l’Inspecteur Antoine qui masque sous un comportement brutal et cynique un besoin de donner du sens à son métier. Enfin, Clouzot subvertit le genre policier par la tonalité déceptive qu’il donne à son film, racontant une enquête qui, selon les termes de l’Inspecteur qui l’a menée, se « termine en pipi de chat ».

 

Films européens

–       Les Ascensions de Werner Herzog (4/3ème) – 1977/1985 – 1h17 – France.

Les Ascensions est un programme de deux moyens-métrages réalisés par Werner Herzog mettant chaque fois en scène des personnes face aux puissances de la nature.
La Soufrière (1976) : Herzog se rend sur l’île de la Guadeloupe alors que le volcan de La Soufrière, toujours en activité, menace d’entrer en éruption et de détruire une partie de l’île. Le cinéaste ne veut pas filmer la fureur du volcan mais partir à la rencontre d’une poignée d’habitants qui ont refusé de quitter la Basse-Terre. Herzog veut comprendre pourquoi ils refusent d’être évacués au risque de leur vie.
Gasherbrum (1985) : Reinhold Messner est une légende de l’alpinisme. En juin 1984, Herzog le suit alors, qu’avec son acolyte Hans Kammerlander, il se lance dans un nouveau pari : faire l’ascension en une seule expédition de deux des sommets de la chaîne Gasherbrum, situés respectivement à 8068 et 8035 mètres. Messner a déjà fait ces deux ascensions mais les enchaîner ainsi sans retour au camp de base est un exploit inédit…

Dans ces deux documentaires, Werner Herzog met en scène la figure du héros, de l’homme face à la nature et interroge par ce biais l’âme humaine. A l’exemple des super-héros des films contemporains, les personnages de Werner Herzog défient l’entendement par leur courage et leur détermination. Dans chacun des deux documentaires, le réalisateur dresse un portrait minutieux des lieux qu’il visite pour mieux nous faire sentir le danger ensuite.
Par ce programme, on peut aisément aborder des thèmes liés à la position du réalisateur dans le documentaire, sa présence comme ses interventions. C’est aussi l’occasion de se poser des questions sur la figure du héros, qu’il soit fictif, héroïque, sportif et de ce que cela renvoie aux adolescents. Les lieux sont de même d’une importance capitale, que ce soit La Guadeloupe et sa ville abandonnée dans La Soufrière ou les hauts sommets enneigés de la chaîne Gasherbrum.
A la fois épiques, remplis de suspens et touchants, les documentaires de Werner Herzog cherchent à sonder l’âme humaine et son rapport au monde. Ils sont un trait unique entre fiction et documentaire, mensonges et vérités et c’est pour cela qu’ils continuent de fasciner.

 

–       Le Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica (6/5ème) – 1949 – 1h33 – Italie.

Antonio Ricci, quarante ans, vit dans une banlieue populaire de Rome, à Val Melaina, avec sa femme et ses deux enfants. Au chômage depuis deux ans, il a finalement la chance de trouver un emploi de colleur d’affiches, à condition qu’il ait une bicyclette. La sienne étant gagée au mont-de-piété, Maria, sa femme, y porte trois paires de draps afin de récupérer l’indispensable vélo. Le lendemain matin, il se rend à son travail, accompagné de Bruno, son fils de 7 ans, qui travaille dans une station-service. Ce même matin, alors qu’il a commencé sa tournée, sa bicyclette lui est volée, anéantissant d’un coup tous ses espoirs. Vainement, il se lance à la poursuite du voleur dans les rues de Rome, il doit se résoudre à porter plainte auprès de la police, qui lui laisse peu d’espoir…

Indémodable par la simplicité de son récit et la justesse de personnages proches du réel, Le Voleur de bicyclette est un film universel et indémodable, par ailleurs apprécié du public et de la critique. Figure emblématique du néo-réalisme italien, c’est-à-dire à la fois important pour aborder l’Histoire du cinéma et l’Histoire sociale de l’Europe – à travers le contexte de l’Italie d’après-guerre –, ce film permet également, en recourant à l’analyse, de tirer nombre d’enseignements sur la manière de faire des films efficaces, sans artifices autres que la mise en scène du mouvement et des émotions inspirés du réel.

 

–       La tortue rouge de Michaël Dudock de Wit (6-3ème) – 2016 – 1h21 – France/Japon.

À travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, La Tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain.

La Tortue rouge est un film extraordinaire à bien des égards. Tout d’abord par sa production atypique. Mis en scène par un réalisateur néerlandais, scénarisé par Pascale Ferran et, à la direction artistique Isao Takahata, le réalisateur du Tombeau des lucioles et figure phare du studio Ghibli à qui l’on doit les classiques comme Mon Voisin Totoro ou Ponyo…
Réflexion sur le temps, sur la famille et l’amour, La Tortue rouge se veut un récit chatoyant permettant aux animateurs du studio Ghibli de magnifier cette île déserte, spectatrice de la vie de cet homme. Ce personnage que l’on qualifierait aisément de nouveau Robinson et qui rencontre cette fameuse tortue, divinité étrange et secrète, qui se transformera en femme à l’immense chevelure rousse.
Conte écologique, splendeur de l’animation à l’ancienne, La Tortue rouge fascine par la fluidité de son récit et par le foisonnement de ces thèmes. A travers une animation parfaite et un récit simple mais pas simpliste, le film permettra d’aborder les sujets tel que l’écologie, les techniques d’animation, les relations entre animation européenne et japonaise, la place de la famille et de la nature…

 

Films américains

–       Bienvenue à Gattaca de Andrew Niccol (4/3ème) – 1997 – 1h47 – Etats-Unis.

Dans un futur proche, une société totalement déshumanisée, prônant la perfection des individus. Les êtres humains y sont génétiquement sélectionnés dès leur naissance. Ceux qui possèdent des gènes parfaits sont privilégiés, les autres, « invalides » sont bannis de la société. Gattaca est un centre d’études et de recherches spatiales pour des jeunes gens au patrimoine génétique impeccable. Jérôme, candidat idéal, voit sa vie détruite par un accident tandis que Vincent, enfant naturel, rêve de partir pour l’espace. Chacun des deux va permettre à l’autre d’obtenir ce qu’il souhaite en déjouant les lois de Gattaca.

Cette dystopie, est fortement inspirée de deux œuvres majeures du genre de l’anticipation: Le meilleur des mondes de Huxley et 1984, d’Orwell.
Sans avoir recours à une mise en scène faite de trucages et d’effets spéciaux, ce classique du genre aborde plusieurs thèmes récurrents en Science-fiction à savoir : science et pouvoir politique, la contre-utopie, la dénonciation de l’eugénisme…et certaines questions éthiques du film sont encore complètement d’actualité.

 

–       Coraline de Henry Selick (6/5ème) – 2009  – 1h41 – Etats-Unis.

Coraline Jones est une fillette intrépide et douée d’une curiosité sans limites. Ses parents, qui ont tout juste emménagé avec elle dans une étrange maison, n’ont guère de temps à lui consacrer. Pour tromper son ennui, Coraline décide donc de jouer les exploratrices. Ouvrant une porte condamnée, elle pénètre dans un appartement identique au sien… mais où tout est différent. Dans cet Autre Monde, chaque chose lui paraît plus belle, plus colorée et plus attrayante. Son Autre Mère est pleinement disponible, son Autre Père prend la peine de lui mitonner des plats exquis, et même le Chat, si hautain dans la Vraie vie, daigne s’entretenir avec elle. Coraline est bien tentée d’élire domicile dans ce Monde merveilleux, qui répond à toutes ses attentes. Mais le rêve va très vite tourner au cauchemar. Prisonnière de l’Autre Mère, Coraline va devoir déployer des trésors de bravoure, d’imagination et de ténacité pour rentrer chez elle et sauver sa Vraie famille…

Coraline est un film d’animation repéré par la critique et récompensé notamment du prix Cristal du long métrage au festival d’Annecy en 2009. Comme les précédents films du réalisateur Henry Selick, les décors, le récit et l’animation témoignent d’un travail soigné, subtil et ambitieux. A l’instar de ces précédents films, comme L’Etrange Noël de Mr Jack ou James et la Pêche Géante, le cinéaste distille une atmosphère ambigüe, oscillant entre couleurs vives et noirceur inquiétante, loin des visions enjolivées proposées habituellement dans le cinéma d’animation à destination de la jeunesse. Le récit et ses références s’inscrivent dans la tradition du conte noir et des contes de Perrault en les réactualisant. Adapté d’une oeuvre de Neil Gaiman, auteur déjà incontournable de maints classiques de la littérature pour enfants et adolescents, de la bande-dessinée ou du roman pour adultes (Stardust, American Gods, Neverwhere, Sandman, L’océan au bout du chemin, Les loups dans les murs….), Coraline aborde nombre de ses sujets de prédilection, comme le rêve et le fantastique, la famille et l’amitié, l’adversité et la quête de soi, la découverte du monde et son inquiétante étrangeté… Le récit se concentre sur l’aventure de Coraline, adolescente audacieuse et énergique, en conflit avec sa famille. Ouvrant une porte condamnée, elle se retrouve coincée dans un Autre Monde, à la fois identique et contraire du sien, où tout semble dans un premier temps idéal, plus beau, plus tendre, jusqu’à ce que le rêve tourne au cauchemar. Le film flirte alors avec le cinéma fantastique et d’épouvante dont il exploite et convoque l’histoire, les codes et les icônes (comme la maison hantée, les monstres ou les objets qui prennent vie).

 

–       L’Extravagant Mr Ruggles de Léo Mc Carey (6/3ème) – 1935

Au début du XXème siècle, un riche aristocrate anglais perd au poker le majordome historique de sa famille (le Monsieur Ruggles du titre) au profit d’un « nouveau riche » américain aux manières quelque peu rustres. Terrifié à l’idée de s’installer dans ce qu’il s’imagine être un pays barbare, le raffiné Marmaduke Ruggles adoptera pourtant vite cette nation basée sur l’égalité des individus.

L’extravagant Monsieur Ruggles (titre français mal adapté de Ruggles of Red Gap) est ce qu’on appellerait aujourd’hui un « feel good movie » : Leo McCarey y déploie son génie comique au service d’une morale et en hommage aux fondements de son pays, l’égalitarisme de la société américaine. Il le fait avec ses personnages, c’est à dire qu’il les respecte et n’amène pas le rire à leur détriment – ce qui, par facilité, arrive souvent dans les comédies.
Il faut du talent pour arriver à ce résultat sans paraître mièvre, et dans la période hollywoodienne classique c’est sans doute le réalisateur qui y arrivait le mieux, avec Frank Capra.
Grâce notamment à Charles Laughton, qui porte le film par le génie de son interprétation, ce film est considéré aujourd’hui comme le premier chef d’oeuvre de McCarey (avant Cette sacré vérité ou Elle et lui par exemple).

 

Cinématographies peu diffusées

–       Le Garçon et le monde de Ale Abreu (6/3ème) – 2013 – 1h19 – Brésil.

Un petit garçon quitte son village et part à la recherche de son père. Comme une Odyssée dans l’autre sens, il traverse différents mondes où le merveilleux fait face à l’immensité de la ville et la cruauté du monde du travail.

Véritable carnaval de couleurs, le dessin unique en son genre laisse apparaître la matière, les coups de crayons et les aplats de couleurs pour un résultat vivant et inspiré. La musique omniprésente et le rythme ne trahissent pas les origines brésiliennes de ce film, auréolé de nombreux prix, notamment à Annecy.
Une épopée intérieure, à hauteur d’enfant, magnifiquement traduite à l’écran.